Le blog de Salmacis
Dubuffet, un des artistes les plus surprenants du xxe siècle, est l'inventeur par excellence de langages plastiques nouveaux.
Ennemi de la culture et de l'art des musées, anarchiste, athée, antimilitariste, antipatriotique, rétif à toute catégorie (« il n'y a pas d'art abstrait ou bien l'art l'est toujours »), il compte
parmi ces créateurs qui ont modifié notre vision de l'art, voire le cadre de notre vie urbaine.
Son oeuvre incite à regarder autrement le sol, les silhouettes des passants, les visages où s'interpénètrent organiquement les chairs, le végétal ou le minéral, la hiérarchie entre les choses et
les personnes.
Sa carrière de dynamiteur consiste, de 1942 à 1985, en un labeur extraordinaire de fécondité et de régularité, à la recherche de la libération de toute contrainte.
Cette voie subversive, loin de toute norme établie, le conduit vers l'art de l'enfance et de la folie auquel il redonne ses lettres de noblesse (l'art brut).
Elle l'incline à des formes outrancières, aux méandres et aux signes expressifs des graffitis, à l'exploration de matériaux - bitume, sable, fibres végétales.
Ce mélange lui assigne une place majeure parmi les artistes matiéristes, jusqu'à ses grandes séries mentales de L'Hourloupe ( 1962- 1974), prélude au graphisme gestuel des Mires ( 1983).
Écrivain prolifique inventeur d'un langage, le « jargon absolu », polémiste, parfois cruel, il laisse des témoignages irremplaçables sur sa vision de l'art dans Prospectus aux amateurs de tout
genre (1946), Biographie au pas de course (1985) ; il consacre aussi de nombreux textes à l'art brut.
« L'art ne vient pas se coucher dans les lits qu'on a faits pour lui »
« Ceux à qui le monde n'apparaît pas à leur goût, je leur conseille de ne pas tâcher de changer le monde mais de changer leur goût.»
« Je porte quant à moi haute estime aux valeurs de la sauvagerie: instinct, passion, caprice, violence, délire »