Le blog de Salmacis
Niki de Saint Phalle a été violée à l'âge de 12 ans par son père.
Elle subit de graves dépressions nerveuses au point d'être internée quelques mois et fugue à 18 ans avec le premier venu, l'écrivain Harry Mathews.
Au début des années 50 Niki cherche une issue avant de devenir totalement folle :
«je suis devenue artiste car il n'y avait pour moi aucune autre alternative. Je donne vie à mes désirs, à mes sentiments, à toutes mes contradictions, aux ombres oubliées des souvenirs, à des visions d'ailleurs. Je travaille dans un tunnel sombre et secret, cherchant toujours le soleil qui se cache derrière la lune, adorant les étoiles... ».
" J'étais une jeune femme en colère, mais il y a beaucoup de jeunes gens et de jeunes femmes en colère qui ne deviennent pas artiste
pour autant. Je le suis devenue parce que je n'avais pas le choix - c'est pourquoi je n'ai pas eu à prendre de décision. C'était mon destin. A une autre époque j'aurais été enfermée à perpétuité
dans un asile d'aliénés - en fait, j'ai été placée sous stricte surveillance psychiatrique pendant une courte période et j'ai subi dix électrochocs et autres traitements du même genre. J'ai
adopté l'art pour qu'il soit mon salut et qu'il réponde à mon exigence personnelle. "
1955. Elle a 25 ans, c'est la rencontre avec Jean Tinguely qui deviendra son mari en 1971.
Le début des années soixante fut une période de soulèvement, elle commence ses fameux "Tableaux Tirs", série d'actions au cours desquelles
le public ou l'artiste elle même tire à la carabine sur des reliefs de plâtre où sont dissimulés des sachets de peinture, qui explosent sous les impacts.
Portrait de mon amant
"En 1961 j'ai tiré sur : Papa, tous les hommes, les petits, les grands, les importants, les gros, les hommes, mon frère, la société, l'Eglise, le couvent, l'école, ma famille, ma mère, tous les hommes, Papa, moi-même, les hommes. Je tirais parce que cela me faisait plaisir et que cela me procurait une sensation extraordinaire. Je tirais parce que j'étais fascinée de voir le tableau saigner et mourir. Je tirais pour vivre ce moment magique. C'était un moment de vérité scorpionique. Pureté blanche. Victime. Prêt ! A vos marques ! Feu ! Rouge, jaune, bleu, la peinture pleure, la peinture est morte. J'ai tué la peinture. Elle est ressuscitée. Guerre sans victimes."
Puis viennent les Nanas où elle explore la représentation artistique du rôle de la femme. Ces femmes prennent progressivement consistance et
deviennent les Nanas.
De juin à septembre 1966, elle réalise avec l'aide de Jean Tinguely, Hon ("Elle" en suédois), une femme monumentale de 28 m de longueur sur
6 m de hauteur et de 9 m de largeur, couchée sur le dos avec les jambes entrelacées au Moderna Museet de Stockholm.
Les visiteurs peuvent pénétrer la sculpture par l'entre-jambes.
À l'intérieur, ils peuvent découvrir plusieurs pièces réalisées par l'artiste: un aquarium, une machine à broyer les bouteilles, un bar dans le sein gauche et un planétarium dans l’autre. Une
exposition de faux tableaux de Dubuffet se tient la cuisse gauche et un toboggan est aménagé, recouvert de velours rouge, sur les formes généreuses de la dame. Un banc des amoureux est situé dans
la jambe droite. On peut voir également la projection du premier film de Greta Garbo dans une salle de cinéma située dans un bras.
« je rêve de créer des monstres énormes pour décorer les jardins, dit-elle, on sculpte aujourd’hui en bronze ou en pierre, c’est triste et morne. Moi, je propose de la couleur, de la variété dans
une ordonnance architecturale. Il faut essayer d’égayer la vie. C’est bien notre rôle, à nous les femmes. »