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"Jamais n’ai-je lu de pornographie plus obscène que le discours d'un censeur. "
"J’appelle morale tout ce qui étouffe mon cri."
Anne Archet (Aphorismes)
Aux Libertins
Voluptueux de tous les âges et de tous les sexes, c'est à vous seuls que j'offre cet ouvrage: nourrissez-vous de ses principes, ils favorisent vos passions, et ces passions, dont de froids et plats moralistes vous effraient, ne sont que les moyens que la nature emploie pour faire parvenir l'homme aux vues qu'elles a sur lui; n'écoutez que ces passions délicieuses; leur organe est le seul qui doive vous conduire au bonheur.
Femmes lubriques, que la voluptueuse Saint-Ange soit votre modèle; méprisez, à son exemple, tout ce qui contrarie les lois divines du plaisir qui l'enchaînèrent toute sa vie.
Jeunes filles trop longtemps contenues dans les liens absurdes et dangereux d'une vertu fantastique et d'une religion dégoûtante, imitez l'ardente Eugénie; détruisez, foulez aux pieds, avec autant de rapidité qu'elle, tous les préceptes ridicules inculqués par d'imbéciles parents.
Et vous, aimables débauchés, vous qui, depuis votre jeunesse, n'avez plus d'autres freins que vos désirs et d'autres lois que vos caprices, que le cynique Dolmancé vous serve d'exemple; allez aussi loin que lui, si comme lui, vous voulez parcourir toutes les routes de fleurs que la lubricité vous prépare; convainquez-vous à son école que ce n'est qu'en étendant la sphère de vos goûts et de ses fantaisies, que ce n'est qu'en sacrifiant tout à la volupté, que le malheureux individu connu sous le nom d'homme, et jeté malgré lui sur ce triste univers, peut réussir à semer quelques roses sur les épines de la vie.
Marquis de Sade: Introduction à "La philosophie dans le boudoir"
Ce que je préfère dans les romans érotiques, c’est l’introduction.
Le dernier n° de Beaux Arts Magazine, dans son dossier "Les grands scandales de l'art" nous présentent un Balthus "professionnel de la provocation" en illustrant le propos de la fameuse "Leçon de guitare":
Je cite:
La Leçon de guitare 1934
Quand on lui reprochait sa peinture lubrique. ses extases d'adolescentes court-vêtues, Balthus affectait de n'en rien savoir. Freud ayant bon dos, il mettait ça sur le compte de l'inconscient.
Mais sa correspondance prouve qu'il a cherché à exploiter l'érotisme outré de ses tableaux. Sa célèbre Leçon de guitare conviait le public à une scène de viol dont l'initiatrice est une sorte de
Balthus chevelu. La galerie Pierre en 1934 l'exposa derrière un rideau, avec le souci d'attirer sur elle le bénéfice d'un scandale attendu.
Balthus s'est pourtant expliqué plusieurs fois à ce sujet:
Pourquoi préfériez-vous et préférez-vous représenter les petites filles et les adolescentes plutôt que les femmes adultes
?
Les formes d'une petite fille ou d'une adolescente m'intéressent plus que celles d'une femme adulte parce qu'elles sont plus pures, encore intactes.
Giacomo Manzù disait que le corps d'une femme commence à se déformer à quinze ans, le photographe David Hamilton va jusqu'à dire à dix ou douze ans.
Ils avaient, ou ont, raison.
Et pourquoi préférez-vous représenter les petites filles ou les adolescentes dans le sommeil, ou le demi-sommeil?
Simplement parce que, quand quelqu'un est immobile, on peut mieux en étudier les formes.
Mais n'y a-t-il pas aussi des raisons érotiques à cela ? Une petite fille ou une adolescente surprise dans son sommeil, ou pendant qu'elle s'éveille et s'habille, est beaucoup plus excitante
qu'une petite fille ou une adolescente déjà réveillée et habillée.
L'érotisme est quelque chose de très subtil. Je ne suis pas un spécialiste comme Georges Bataille, mais je peux dire que l'érotisme n'a rien à voir avec le désir sexuel, encore moins avec la
pornographie. Je pense que l'érotisme qu'on trouve dans mes tableaux est dans l'oeil, l'esprit ou l'imagination de la personne qui les regarde. Saint Paul le disait : l'impureté est dans l'oeil
de celui qui regarde.
Vous voulez dire que celui qui regarde vos tableaux y projette ses fantasmes érotiques ?
Oui, peut-être, d'autant plus que je ne peins pas d'images fantasmatiques, je peins des êtres réels, de préférence dans leurs formes intactes.
("Balthus à contre-courant", entretiens avec Costanzo Costantini)
1944-1945 Les Beaux jours
1948-50 Nu au chat (nu à la bassine)
1952-54 la chambre
1963-1966 La chambre turque
1967-1976 Japonaise à la table rouge
"Je ne pourrai jamais peindre une femme nue.
Je trouve la beauté des jeunes filles plus intéressante et parfaite que celle des femmes.
Elles incarnent le devenir, l'avant-être, elles symbolisent en somme la beauté la plus parfaite.
La femme, elle, est un être déjà situé dans le monde, alors que l'adolescent - du mot adolescere, "grandir" - n'a pas encore trouvé sa place.
Le corps d'une femme est généralement trop défini ; le corps d'une jeune fille est plus beau.
C'est justement sur cette histoire de petites filles que réside le malentendu concernant ma peinture.
Qualifier mon oeuvre d'érotique est idiot ; les jeunes filles sont des êtres sacrés, divins, angéliques.
Finalement, le seul point commun entre moi et le pauvre Nabokov est le sens de l'humour."
("Balthus" par Cristina Carillo de Albornoz aux éditions Assouline)
1937 jeune fille au chat
1938 Thérèse rêvant
1975-78 Le lever
1977-80 Le chat au mirroir I
1977 Nu au repos
1980 Nu assoupi
1981-82 Nu au foulard
1981-83 Nu au mirroir
Balthus, photographié avec le jeune modèle qui a posé pour " Le chat au mirroir III "