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  • : Dans la mythologie grecque, Salmacis est une naïade. Alors qu'Hermaphrodite se baigne dans une source de Carie, Salmacis, nymphe de la source, s'éprend de lui. Ne pouvant se contenir, elle étreint le jeune homme contre elle, et supplie les dieux d'être unie à lui pour toujours. Son vœu est exaucé et tous deux ne forment plus qu'un seul être, bisexué, à la fois mâle et femelle. Sa tentative de viol sur Hermaphrodite constitue un cas unique pour une nymphe grecque.
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Mercredi 24 septembre 3 24 /09 /Sep 16:00

"Jamais n’ai-je lu de pornographie plus obscène que le discours d'un censeur. "

"J’appelle morale tout ce qui étouffe mon cri."


Anne Archet (Aphorismes)












Aux Libertins

Voluptueux de tous les âges et de tous les sexes, c'est à vous seuls que j'offre cet ouvrage: nourrissez-vous de ses principes, ils favorisent vos passions, et ces passions, dont de froids et plats moralistes vous effraient, ne sont que les moyens que la nature emploie pour faire parvenir l'homme aux vues qu'elles a sur lui; n'écoutez que ces passions délicieuses; leur organe est le seul qui doive vous conduire au bonheur.

Femmes lubriques, que la voluptueuse Saint-Ange soit votre modèle; méprisez, à son exemple, tout ce qui contrarie les lois divines du plaisir qui l'enchaînèrent toute sa vie.

Jeunes filles trop longtemps contenues dans les liens absurdes et dangereux d'une vertu fantastique et d'une religion dégoûtante, imitez l'ardente Eugénie; détruisez, foulez aux pieds, avec autant de rapidité qu'elle, tous les préceptes ridicules inculqués par d'imbéciles parents.

Et vous, aimables débauchés, vous qui, depuis votre jeunesse, n'avez plus d'autres freins que vos désirs et d'autres lois que vos caprices, que le cynique Dolmancé vous serve d'exemple; allez aussi loin que lui, si comme lui, vous voulez parcourir toutes les routes de fleurs que la lubricité vous prépare; convainquez-vous à son école que ce n'est qu'en étendant la sphère de vos goûts et de ses fantaisies, que ce n'est qu'en sacrifiant tout à la volupté, que le malheureux individu connu sous le nom d'homme, et jeté malgré lui sur ce triste univers, peut réussir à semer quelques roses sur les épines de la vie.


Marquis de Sade: Introduction à "La philosophie dans le boudoir"

 












Ce que je préfère dans les romans érotiques, c’est l’introduction.


Anne Archet (Aphorismes)




 





Illustrations: Albert Dubout

Par Salmacis - Publié dans : Textes
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Mercredi 2 juillet 3 02 /07 /Juil 09:52





En rentrant chez moi, je découvris une énorme bouche qui sortait du mur de ma chambre.

Elle mesurait deux mètres de large, occupait l'essentiel de ma pièce, et se situait au-dessus de mon lit.

Ses lèvres étaient roses et craquelées, rayées de fines crevasses verticales et couvertes sur les bords de gerçures transparentes.

Quand elle sentit, sur le coussin réceptif de ses lèvres, le courant d'air de mon arrivée, elle réclama de la nourriture.

Je lui demandai ce qu'elle désirait manger. Mais, n'ayant pas d'oreilles, elle était complètement sourde.


...........


Le narrateur se persuade que la bouche apparue est une femme.
Il en tombe amoureux, un amour réciproque, et attentionné, puisqu'un jour où la bouche l'ayant mâché (un de leur jeux érotiques favoris), elle l'avale par inadvertance, mais...



...................

Voyant qu'une toux violente ne pouvait aboutir à mon rejet, elle me régurgita à temps, avant que les sucs digestifs n'aient pu me défigurer.

Je me retrouvai étalé sur la moquette dans une boue comestible, mes vêtements déjà digérés.

Mais qu'importaient ces détails à côté de la formidable histoire d'amour que nous vivions, maintenant ?

Depuis, quand je vois des femmes, je m'étonne.

Je m'étonne de voir tant de chair entourer leur bouche, de voir ce décor trompe-l'oeil qui veut noyer l'essentiel, de voir ces mains blanches, ces seins dodus, ces joues claires, ces yeux rieurs qui tentent, par une pudeur tellement exagérée, de nous faire oublier le plus important, c'est-à-dire ce qui mange, ce qui boit, ce qui respire, ce qui parle, ce qui chuchote, ce qui dit des mots d'amour, ce qui embrasse, et ce qui aime.

Jean-Luc Coudray: "La bouche"


 
 

Par Salmacis - Publié dans : Textes
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Samedi 21 juin 6 21 /06 /Juin 06:39






Le con et le vit, dialogue


LE C...
Doucement, doucement...

LE V...
N'ayez point peur, je ne pose point à terre; je suis tout en l'air,

LE C...
Bon. C'est que si ma maîtresse s'éveillait, tout serait perdu.
La circonstance est favorable, elle a les cuisses écartées, la couverture est tombée dans la ruelle; je suis au bord du lit, le drap est relevé; la lampe est vis-à-vis de moi : avancez

LE V...
Me voilà.

LE C...
Ciel !

LE V...
Ah! Dieux!

LE C...
C'est donc là ce qu'on appelle un V... !

LE V...
Oui, cher petit C... d'Amour.

LE C...
Je mourais d'envie d'en voir un.

LE V...
Ce n'est rien de me voir, c'est tout de me sentir.

LE C...
Comme vous remuez! comme vous grandissez! Que c'est drôle!

LE v... (s'approchant.)
Si j'osais...

LE C...
Ne me touchez pas.

LE V...
Ô Nature !

LE C...
Les grosses veines!

LE V...
Le joli poil!

LE C...
Vous en avez aussi.

LE V...
Le dessus, le dessous, les environs... Il n'y a rien comme cela.

LE C...
Vous en dites, peut-être, autant au premier de mes semblables.

LE V...
Vous n'avez point de semblables; non, d'honneur.

LE C...
"D'honneur"! Quoi, vous connaissez ce monstre! Il me fait bougrement enrager, ainsi que je ne sais quels autres foutus mots de "sagesse", "devoir" et "vertu", que ma chienne de maîtresse a toujours à la bouche, viande creuse, dont je ne puis me repaître, moi.

LE V...
Que je vous aime de cette humeur! en parlant votre langue et la mienne, vous me donnez une liberté qui m'enchante, car je ne suis foutre que trop gêné de bander si roide, et de ne pouvoir que vous regarder... Gentil conaut! "Extase et décharge", c'est en effet ce qui nous convient, le reste nous est étranger...
Tutoyons-nous, mon charmant petit abricot; loin de nous ces compliments d'usage entre MM. les quarante; notre société de deux-à-deux ne recherche, ne savoure que le plaisir, et se fout de la cérémonie. Hélas! quand Hortense cessera-t-elle d'être dupe? Je m'aperçois heureusement qu'elle étend ses soins voluptueux jusqu'à toi. Je te flaire avec transport, je deviens dur comme fer à l'odeur suave que tu exhales.
Écoute! tu peux beaucoup sur cette âme rebelle : chaque fois que tu seras sur l'autel de la propreté, autrement le Bidet, ouvre à l'éponge tes lèvres vermeilles et sensibles, ainsi qu'au soufle caressant du zéphyr s'épanouit une rose : presse-les amoureusement contre la main qui les baigne et les essuie, tu comuniqueras à leur son corps tes douces agitations, tu ébranleras ses sens, tu y porteras tour à tour l'ivresse, l'égarement, l'incendie et le ravage. Il est essentiel de lui développer tous les miraculeux ressorts de ta céleste mécanique...
Foutre! entends-tu comme je te chante! Je ne suis pas le V... d'un sot; non, j'ai un feu extraordinaire, tel qu'un vigoureux coursier, je bondis et j'écume en ta présence.

LE C...
Parle donc plus bas; ma maîtresse vient de soupirer.

LE V...
Je la ferais soupirer bien autrement, de par tous les diables.

LE C...
Ta vue et tes paroles me brûlent, me sèchent.

LE V...
Attends, que je te rafraîchisse, que je t'humecte un peu...

LE C...
Ouf!... tu ne pourras jamais... Haye!... ah! ah! ah!... ouf!... arrête... rien qu'à l'entrée, je t'en prie... là... ah!... ah!... comme un ange.

ENSEMBLE:

LE C... 
Ah!... ah!.., ah!... ah!...
Ah!... ah!... délicieux!
Ah... ah!... je meurs.
Ah!................ah!
LE V ...
Oh!... oh!... oh!... oh!.
Oh!... oh!... ah! foutre!
oh!... oh!.., divin!...
Ah!... ah!... ah!

LE V... (après une longue respiration de part et d'autre.)
Eh bien?

LE C...
C'est ravissant!

LE V...
Ce n'est pourtant qu'une ébauche de la jouissance.

LE C...
Elle a fait impression sur ma maîtresse, qui vraisemblablement la prendra pour un rêve, et un rêve de cette sorte conduit quelquefois à la réalité.
Que ton maître continue ses visites, qu'il règle constamment ses goûts sur les siens, qu'il la sollicite à propos; je me charge du reste : mais point d'infidélités.

LE V...
Que je perde mes couilles (ce sont ces boulettes que tu vois) si dorénavant je vas et viens autre part que dans cette petite niche.
Hortense a, dit-on, de l'esprit, des grâces, enfin toutes les pretintailles qui touchent au coeur;
Dorante n'est pas mal pourvu de ces jolies drogues, à en juger par l'exercice qu'il me donnait avant de la connaître; il a renoncé à toutes les femmes pour elle; s'il a le bonheur de triompher de celle-ci, tu sentiras, pour parler comme lui, quel charme le consentement de la personne qu'on aime ajoute au plaisir.

LE C...
Je n'en aurais, toute ma vie, d'autres que celui que je viens de goûter, qu'il me suffirait.

LE V...
Je ne dis point cela.

LE C...
On s'agite, on se retourne, la pointe du jour paraît; retire-toi.

LE V...
Autant la mort. Je suis fâché, à cette heure, d'être venu... Le beau petit portail...

LE C...
Allons, va-t'en. Adieu, mon joujou.

LE V...
Adieu, ma motte.

LE C...
Adieu, mon lingot.

LE V...
Adieu, ma toison.

LE C...
Au revoir, mon grand coquin.

LE V...
Petit Jean-Foutre! Je t'avalerai si j'avais une bouche... Adieu mon rat.

LE C...
Adieu ma queue.






L'Arétin françois (François-Félix Nogaret) :
 "Les Epices de Vénus" 1787















Illustrations: Antoine Borel et Toyen



Par Salmacis - Publié dans : Textes
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