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  • : Dans la mythologie grecque, Salmacis est une naïade. Alors qu'Hermaphrodite se baigne dans une source de Carie, Salmacis, nymphe de la source, s'éprend de lui. Ne pouvant se contenir, elle étreint le jeune homme contre elle, et supplie les dieux d'être unie à lui pour toujours. Son vœu est exaucé et tous deux ne forment plus qu'un seul être, bisexué, à la fois mâle et femelle. Sa tentative de viol sur Hermaphrodite constitue un cas unique pour une nymphe grecque.
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Samedi 7 juin 6 07 /06 /Juin 15:28





Astrologue d'origine scandinave, Krista Leuk faisait l'horoscope dans les émissions radiophoniques "Matin bonheur" et "Les beaux matins".

Elle est l'auteur d'un "Précis d'astrologie sexuelle", apparemment introuvable (ou peut être n'a-t-il jamais été publié ???..)

"L'anthologie historique des lectures érotiques" n'en donne qu'un extrait relatif au signe du poisson.

Pas de chance pour les autres, quoique...,

Lisez d'abord....ça donne pas forcément envie d'en savoir plus sur les autres signes lol





Portrait Du Poisson

ELLE, très émotive, très impressionnable, toujours dans les vapeurs, les pâleurs, les chaleurs, se donne à qui veut. Cette facilité a de quoi déconcerter. Sait-elle vraiment ce qu'elle fait? Est-on vraiment sûr de l'avoir eue dans ses bras? L'énigme demeure; car elle sait donner le change. La vérité est à un niveau plus simple : la femme Poisson ne voit rien, n'entend rien, ne sent rien. Par contre, elle parle, plutôt elle monologue, aucune conversation n'est possible. Elle répond toujours à côté, elle prend au vol les paroles qu'il ne faut pas, elle s'énerve sur des malentendus.

Cette femme-là vit dans l'illusion, ce n'est pas un être vivant, c'est une somnambule. Tous les efforts que vous ferez - vous qui l'aimez - pour la réveiller, seront vains. Elle a cru vivre, elle mourra sans s'en rendre compte, elle n'est jamais née.

LUI, dans sa jeunesse, a été phoque. Délicieux gaffeur, maladroit émouvant, flottant toujours dans les vêtements trop larges de ses désirs immenses, rêveur des fêtes perdues du Grand Meaulnes.

A l'âge mûr, il est devenu, à la surprise générale de ses camarades d'école, un requin redoutable, sec et frénétique dans des costumes serrés, jouant fin le jeu des échéances, des prêts. Il nageait dans les complications d'affaires comme il l'avait fait dans ses complications sentimentales; il filait droit vers la réussite.

Puis soudain, il en eut assez; du moins c'est sa version. Mais on murmure qu'il y a eu une catastrophe dans sa vie intime : un être lui a fait du mal, qui n'en valait pas la peine, à qui il aurait tout donné. Il a dérivé de quartier chic en atelier d'artiste. Voyez-le aujourd'hui au carrefour d'un petit quartier populaire. Il finit en alligator de bar, sirotant son passé jauni, troublé d'eau, sous l'oeil attendri du patron. Tout le monde l'aime bien et voudrait l'aider, mais l'énigme demeure, plus que jamais. A-t-il seulement eu dans ses métamorphoses aquatiques une seule identité? Il se le demande avant de rejoindre la grande identité anonyme à laquelle il n'a pas cessé d'appartenir. Son incursion à la surface de la Terre lui semble avoir été l'erreur de spermatozoïdes légerement ivres...


Comportement

Médical: Les Poissons régissent le plasma et les ganglions. Ils héritent de toutes les maladies de peau. Amygdales, goutte, diabète, urémie, eczéma sont leur lot.

Maladies psychosomatiques qui prennent toutes les formes.

Caractérologie: Super-émotif, aux réactions primaires. Lymphatique de tempérament.

Psychanalyse: Le complexe de culpabilité. Masochistes à épisodes sadiques.
Voyeurs-nés, fascinés par les photos porno, surtout quand elles sont troubles, mal tirées. Onanisme constant, sacrificatoire, même entre les rapports normaux.


Pathologie: Beaucoup d'entre eux se retrouvent sanctionnés dès leur jeunesse par des actes répréhensibles. Un besoin de martyre les y reconduits. Ils sont récidivistes de la faute. Ils sentent bien que là est leur rédemption. Le procéssus déclenché est irrémédiable. Si vous aimez bien un Poissons, mettez-le au cachot !

Phénomènes paranormaux: Les plus médiums du Zodiaque. Ils n'ont pas rompu la communication maternelle prénatale.

Hygiène: Sauf les pieds qu'ils lavent avec ardeur, leurs parties sexuelles laissent à désirer. L'anus en particulier est souvent sale.

Sommeil: Ils le rejoignent avec délectation, ils entrent dans les rêves comme dans un aquarium, ils n'ont jamais quitté le monde interlope de l'inconscient.

Tics: Ils souffrent tous des yeux, ils ne se reconnaissent pas dans le monde qui est ouvert à la lumière : ils clignotent comme effrayés.

Fétichisme: Les pieds nus (ongles incarnés). Les formes de bouteilles. Les articles en caoutchouc qui se gonflent.

Besoins:
Elle - Se satisfait de privautés.
Lui - Petite virilité, aux pulsions incessantes.

Action
Elle - Un côté perdu, pathétique. Elle sait mimer la chose comme un grand artiste.
Lui - Transpire du front en murmurant des cochonneries.

Positions: 69 est la favorite. Adorent la masturbation côte à côte.



Par pitié pour ces pauvres poissons, je vous passe les détails physiques lol

 

Par Salmacis - Publié dans : Textes
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Jeudi 5 juin 4 05 /06 /Juin 05:47

 

« L'amour, c'est l'infini mis à la portée des caniches. »




 

Louis Ferdinand Céline a toujours raillé les idées contre le style.

Son style, c'est l'introduction de la langue parlée dans l'écrit, qui a révolutionné la littérature.

Même en amour, sa verve est inimitable.


Un an après Mort à crédit, Céline s'en prend à sa manière, dans Bagatelles pour un massacre, à la littérature du coeur :

« La vulgarité commence, Messieurs, Mesdames, au sentiment, toute la vulgarité, toute l'obscénité! au sentiment! Les écrivains, comme les écrivaines, pareillement enfiotés de nos jours, enjuivés, domestiqués jusqu'aux ventricules depuis la Renaissance, n'ont de cesse, s'évertuent, frénétiques au "délicat", au "sensible", à "l'humain"... comme ils disent... Dans ce but, rien ne leur paraît plus convaincant, plus décisif, que le récit des épreuves d'amour... de l'Amour... pour l'Amour... tout le "bidet lyrique", en somme... Ils en ont plein les babines ces croulants dégénérés maniéreux cochons de leur "Amour"... »





Dans Le Voyage au bout de la nuit, malgré certaines pages "amoureuses", Ferdinand Bardamu ne se laisse pas aller facilement à la "tendraisse"


« Je n'ai pas besoin de "tendraisse"... C'est toujours les pires saloperies de l'existence que j'ai entendu soupirer après les "tendraisses"... C'est ainsi qu'ils se rassurent... »


Mais c'est dans Mort à crédit que son style touche au sommet:


Pour exemple ce passage avec Antoine, Madame Gorloge et Robert, l'ami de Ferdinand.

Le patron est absent pour quelques jours, Antoine et la patronne en profitent.

Ferdinand et Robert, cachés, les observent. Tout le monde a beaucoup bu.






« C'était la folie des sens. »

« Le pantalon enfin volant, il était plus que des loques... C'était tout mouillé autour... Antoine il venait haler dur en plein dans le poitrail... Chaque fois, ça claquait... Ils s'agitaient comme des sauvages... Il pouvait sûrement la crever de la manière qu'il s'élançait...

« Ça va! ça va! ma charogne! boucle ta gueule! Ouvre ton panier!... Il l'écoutait pas, il la requinquait à bout de bite avec trois grandes baffes dans le buffet... Ça résonnait dur... »


Suit une scène de sodomie où le robuste compagnon a recours à la technique du pot de beurre, vulgarisée par le film Le Dernier Tango à Paris.

« Il passe à côté, il se met à farfouiller dans le placard, comme ça à poil, en chaussons... Il cherchait le pot de beurre. Il se cognait la bite partout : " Oh! yays! Ohoh! yaï ! ya! " qu'il arrêtait pas de glapir... On en avait mal, nous autres... tellement qu'il était marrant... on en éclatait...»






Le lendemain, la patronne séduit Ferdinand.

« D'une seule main comme ça en bas, elle me masse...»

« Je vais le dire à ta maman moi. Oh! là! là! le petit cochon!... Chéri petit cochon!... »

« Elle se redresse, elle m'embrasse encore. Elle enlève tout... corsage,... corset... liquette... Alors je la vois comme ça toute nue... la chose si volumineuse... ça s'étale partout... C'est trop...  Ça me débecte quand même... Elle m'agrafe par les oreilles... Elle me force à me courber, à me baisser jusqu'à la nature... Elle me plie fort... elle me met le nez dans un état... C'est éblouissant et ça jute, j'en ai plein mon cou... Elle me fait embrasser... ça a d'abord un goût de poisson et puis comme une gueule d'un chien. »










Puis Ferdinand se retrouve en Angleterre, expédié à la pension Merrywin pour y apprendre l'anglais.

Et il tombe amoureux fou de Madame Merrywin.

« Elle craignait personne pour le charme, je dois avouer qu'elle ensorcelait... Elle me faisait un effet profond. »... « C'était pas possible d'y croire tellement que je la trouvais belle... »
 
« Sa voix c'était comme le reste, un sortilège de douceur. Ce qui m'occupait dans son anglais c'était la Musique, comme ça venait danser autour, au milieu des flammes. »

« Je résistais à tous les charmes. Je répondais rien. Je la laissais passer par devant... Ses miches aussi elles me fascinaient. Elle avait un pot admirable, pas seulement une jolie figure... Un pétard tendu, contenu, pas gros, ni petit, à bloc dans la jupe, un fête musculaire... ça, c'est du divin, c'est mon instinct... La garce je lui aurais tout mangé, tout dévoré, moi, je le proclame... Je gardais toutes mes tentations. »








L'histoire finit mal. Nora Merrywin se jette dans la Tamise.

Est-ce qu'après tout ce n'est pas mieux ainsi.?

L'approche physique des êtres, la « possession », « l'oeuvre de chair » vu comme la fusion de deux âmes, le docteur Destouches n'y participe pas.

« On peut baiser, tout ça, c'est bien agréable de toucher ce moment où la matière devient la vie. On monte jusqu'à la plaine infinie qui s'ouvre devant les hommes. On en fait: Ouf! Et ouf! On jouit tant qu'on peut dessus et c'est comme un grand désert ... »


 

Texte librement inspiré de l'"Anthologie historique des lectures érotiques" de Jean-Jacques Pauvert
Et extraits empruntés à la même Anthologie.


Illustrations: George Grosz.

 

Par Salmacis - Publié dans : Textes
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Samedi 31 mai 6 31 /05 /Mai 23:44

"Le dieu des corps" est un livre de Jules Romains que j'ai lu adolescent ...et perdu depuis.

J'en retrouve aujourd'hui un extrait dans "l'anthologie historique des lectures érotiques" paru chez Jean-Jacques Pauvert.

C'est un peu long mais j'ai pas eu le courage de les interrompre, ces deux là.







Nous Employâmes la matinée du lendemain à nous promener. Lucienne semblait heureuse. Mais elle parlait peu et regardait toutes choses distraitement.
Dans nos projets antérieurs, il avait été question de quitter Rouen dès le soir même, si nous nous étions fait une idée suffisante de la ville. Comme il fallait en prévenir l'hôtel, je demandai vers midi à Lucienne ce qu'elle décidait.
Ses yeux se posèrent sur les miens. Une trace du feu rose de la veille revint sur son visage. Elle semblait réfléchir avec un peu d'émotion. - A quelle heure partirions-nous?
- A cinq heures, je crois.
- Il nous faudrait donc achever de visiter la ville cet après-midi?
- Oui, et pour la connaître encore assez mal. Ne partons que demain?
Je sentis qu'elle était soulagée qu'on différât ce départ. Pendant le déjeuner, sans l'interroger directement, je tâchai de m'assurer de son vrai désir.
- Puisque maintenant rien ne nous presse, nous pouvons nous reposer un peu avant de reprendre cette course à travers la ville?
Tandis qu'elle acquiesçait, son regard semblait me dire : « Pourquoi n'avonsnous pas le courage d'avouer que nous nous moquons de tout, de cette ville, de ses monuments, de la suite du voyage, et que la seule chose qui importe, c'est de nous retrouver le plus tôt possible dans notre nouveau royaume charnel? Comme si nous avions pensé à autre chose depuis ce matin! Comme si nous pouvions attendre encore?
Sous le prétexte de ce repos, je laissai Lucienne remonter dans la chambre la première. Par une conformité un peu superstitieuse aux rites de la veille, je m'obligeai à patienter un quart d'heure.
Je la trouvai vêtue et parée comme la veille. Elle vint d'un mouvement naturel s'asseoir sur le canapé. Je me mis à ses genoux.
Elle défit le haut de sa robe. Ses seins admirables surgirent de nouveau des étoffes, s'avancèrent vers moi. En deux minutes, à la vitesse d'un raz de marée, mon exaltation était revenue au niveau de la veille. Je recommençai sur la chair de Lucienne tous mes actes d'idolâtrie. J'éprouvais le besoin d'y apporter encore plus de zèle, de leur faire exprimer davantage. Moi qui avais été si souvent un mâle fougueux et pressé, encore plus enclin à jouir de la femme, suivant mon propre élan, qu'à me préoccuper de son capricieux plaisir, je n'avais aucune hâte. J'adorais non seulement la chair de Lucienne mais ses volontés, ses inspirations. Je me laisserais conduire par elle, sur sa chair et sur la mienne, aussi lentement et par autant de détours qu'il lui plairait, jusqu'à l'union de son corps au mien, union qui pour moi aussi devenait en effet si importante, se chargeait par avance de tant d'émotion et d'une telle qualité de jouissance qu'il m'aurait paru déraisonnable d'en abréger les préparations elles-mêmes délicieuses.
Moi l'homme, avec mon expérience, qui, un jour plus tôt, me serais pris pour une moitié de blasé, quand m'étais-je douté que les "choses charnelles" pouvaient se mettre à ce plan, et sans qu'il fût besoin d'aucun artifice, parce qu'une jeune fille, qu'aidaient sa pureté même et une espèce de génie, venait de les regarder en face et d'en mesurer les profondeurs avec attention? Tout au plus en avais-je eu quelque pressentiment auprès de cette maîtresse dont j'ai parlé. Sa croupe et ses seins, chargeant magnifiquement le lit, ou me pressant de leur houle acharnée, m'avaient entraîné déjà plus loin que la volupté, jusqu'aux confins d'une religion de la chair. Mais je m'étais aventuré par là avec une mauvaise conscience. Cette religion, je l'entrevoyais trouble et maudite. Je me sentais glisser dans un monde inférieur au monde connu (infernal au sens premier). L'ivresse que j'y trouvais ne me rassurait pas. J'en attendais toujours ce réveil affreusement lucide que Baudelaire exprime bien.
Au lieu de cette fièvre sexuelle, pleine au fond d'âcreté et ennemie de moi, ce que Lucienne me communiquait, comme si je le buvais à ses seins, c'était un enthousiasme que n'inquiétait aucune restriction de l'esprit, et qui n'aurait pas craint de se comparer aux états de conscience que nous estimons le plus à cause de leur contenu intellectuel, de leur objet, ou de leur origine.
Ainsi, j'avais cru, un petit nombre de fois dans ma vie, éprouver l'impression du sublime. Agenouillé devant Lucienne, si fier de voir vers quel visage montait l'intention adorante des caresses dont je parcourais sa poitrine, c'est plus encore cette impression du sublime que la fureur banale du désir qu'il me semblait retrouver.
Quand à son tour elle m'eut dénudé le buste, qu'elle m'eut frôlé lentement de ses lèvres et flairé, et qu'elle eut fait sa lente aspiration, je craignis un instant qu'elle ne fût prise du même besoin de repos que la veille. Je guettais son visage. Après une sorte de recueillement, il se ranima. Je compris aussi que nous pouvions quitter ce canapé incommode sans rompre le charme. Mi la guidant, mi la portant, je la menai jusqu'au lit.
Elle m'y fit allonger auprès d'elle. Ses deux mains vinrent appuyer doucement sur ma tête. Je sentis qu'elle guidait ma bouche au-dessous de ses seins, qu'elle m'invitait à continuer la découverte de son corps. Tandis qu'une de ses mains restait sur ma nuque, me dirigeant par instants d'une pression imperceptible, son autre main repoussait peu à peu ses vêtements. J'arrivai ainsi à la taille, à la première courbure des hanches, et du ventre. Je me fis un jeu de lui tracer toute une ceinture de caresses, dont les tours se pressaient et s'enchevêtraient. Mes baisers séjournaient sur des régions de chair molles et tendres. Ma bouche, ma langue, qu'elles accueillaient sans résistance, qu'elles engloutissaient presque, semblaient s'y agglutiner. Il me fallait peu d'effort pour imaginer qu'une certaine pénétration de nos corps se faisait déjà, et deux faibles cris qui échappèrent à Lucienne me montrèrent qu'elle le sentait aussi.
Les vêtements glissaient toujours, du même mouvement que mes baisers. Est-ce moi que gagnait un peu de hâte, ou ne faisais-je qu'obéir à Lucienne? Sa nudité s'étendit plus vite, comme un feu de broussailles où se met le vent. J'arrivais aux abords de sa chair la plus féminine. J'en sentais déjà le parfum rayonner à travers des touffes plus flatteuses qu'une bourre de soie; ce parfum qui m'est devenu depuis aussi reconnaissable et ami que sa voix même, mais qu'alors je respirais pour la première fois, avec un tremblement.
Lucienne me pressa le visage de la main, comme pour lui demander d'avoir la force de s'écarter. Je cédai. D'une longue caresse qui lui traversa tout le corps, qui passa dans l'intervalle des seins, j'allai retrouver ses lèvres.
Pendant que je prolongeais ce baiser, elle acheva de rejeter ses vêtements. Je quittai ses lèvres pour la contempler nue. Je ne pouvais pas être surpris de l'extrême beauté de son corps. Elle naissait de toutes les notions que j'avais de lui, comme une figure des points qui la déterminent. J'avais de cette parfaite nudité une représentation mentale nécessaire, avant même que mon regard ne l'eût vérifiée.
Pourtant le spectacle en était si exaltant, rassasiait si bien l'esprit de toutes les joies de la preuve, mettait si largement le comble à mon état de vénération, qu'un nouveau et presque furieux zèle de caresse s'emparait de moi. Mais je croyais sentir chez Lucienne le besoin d'une pause. Je me contins, pour ne faire que la regarder, pour ne la caresser que de mes yeux seuls. Caresse qui plus que d'autres, peut-être, lui était difficile à supporter bravement. Son corps paraissait se ramasser, se blottir. Son visage se détournait, cherchait un refuge. Elle serrait les jambes. Elle cachait son ventre de sa main. Mais, loin d'encourager en ellemême ce retour de pudeur, je crois qu'elle s'en blâmait presque comme d'une faiblesse et d'un manque de loyauté envers le royaume charnel.
- Regarde, me dit-elle en contraignant un peu sa voix, regarde bien ta femme... (elle ajouta, en souriant, pour mieux se vaincre) ta femme impudique.
D'un geste, que sa volonté obtenait, elle écarta sa main de son ventre. Ses jambes se desserrèrent un peu, s'entr'ouvrirent presque. Mais l'effort qu'elle faisait sur elle-même lui donna le frisson. Elle se ramassa, de nouveau serra ses jambes. Sa main commença le geste de revenir la cacher. Je mis doucement trois baisers sur les tendres touffes.
Elle frissonna encore.
- Sais-tu, lui dis-je, qu'il n'est pas possible d'être plus belle que toi?
Comme pour me remercier, ou pour échapper à sa gêne, elle m'enlaça le cou, me donna quelques baisers. Mais elle revint à mon torse, en multipliant ses caresses, comme si c'était maintenant à son tour de reconnaître et de vénérer. Elle suivait le même rite que moi, descendant le long de la chair, repoussant les vêtements elle-même, peu à peu.
Au milieu de mon bonheur, j'éprouvais une certaine crainte. Chez cette femme sûrement neuve, la rencontre soudaine du désir de l'homme, dans sa naïve brutalité, n'allait-elle pas produire sinon le sentiment du ridicule - elle était trop exaltée pour songer au ridicule du moins celui d'une laideur violente, bestiale, capable de le réveiller de la merveilleuse ivresse où depuis la veille elle s'enfonçait avec moi? Je me demandai s'il ne serait pas plus sage, et s'il ne paraîtrait pas tout naturel, de céder à un emportement que je n'avais pas besoin de feindre, et d'en venir sans aucun délai à la possession.
Mais cette épreuve, outre ce qu'elle avait de provocant pour ma sensualité, m'intéressait par son risque même. Je me disais aussi que pour un esprit comme le mien, qui restait mathématicien jusque dans ses délires, une pareille dérobade équivaudrait à truquer la discussion d'un problème. Puisque j'avais suivi Lucienne jusque-là, et avec quel enthousiasme, dans sa découverte progressive des « choses charnelles », était-il bien élégant, au sens intellectuel du mot, d'esquiver un moment critique?
Mais déjà il était trop tard. Lucienne, qui m'avait dénudé et atteint du même mouvement, reculait son visage. J'étais infiniment anxieux. Elle l'avait, il est vrai, reculé sans brusquerie, ne détournant pas ses yeux qui semblaient, au contraire, devenir ardents et graves. Soudain, elle vint jeter sa tête contre la mienne, enfouir son visage dans l'ombre du mien, et me chuchoter à l'oreille, d'un chuchotement qui gardait la chaleur de sa voix
- Mon mari.
Je pressai ses épaules. Elle ajouta parlant très lentement, avec beaucoup d'inflexions
- Écoute. Il y a des choses que je n'avais jamais comprises et que je comprends si bien maintenant. Tu sais... J'ai lu (tu penses qu'on peut être très sage et avoir lu cela), j'ai lu que dans certaines sociétés antiques les femmes adoraient le sexe de l'homme, lui rendaient un culte. Et je ne te dis pas que j'étais révoltée. Mais c'était pour moi aussi étrange, aussi loin dans les anciennes folies, que le sacrifice à Moloch de Salammbô. Eh bien...
- Eh bien?
- Eh bien... (elle enfouit encore mieux son visage et frissonna des pieds à la tête) eh bien! je ne savais pas que ce pouvait être... oui, si beau, avoir cette espèce de beauté impatiente, terrible. Quand tu as regardé mes seins, hier, je reverrai toute ma vie l'élan que tu as eu. C'est quelque chose d'aussi fort pour moi. Je m'en veux de ne pas avoir le courage de te le montrer comme tu l'as fait, mon mari... pas encore le courage. Mais moi aussi j'adore... (le mot se gonflait de tout un feu qui montait en ondulant de sa poitrine)... Je suis envahie d'adoration, comme une femme antique...
Elle haletait. Son coeur luttait avec lui-même. J'achevai de me débarrasser de mes vêtements.
- Un baiser au moins, dit-elle.
Elle alla vite jeter ce baiser peureux, comme au pied d'une idole; puis se renversa, ouvrit ses jambes, m'attira sur elle.
A peine l'avais-je pénétrée qu'un son ivre sortit de sa gorge, un jaillissement long, égal, qui tenait du cri et du souffle, du roucoulement et du hurlement. Il aurait suffi à m'arracher le spasme, si même l'insurpassable excitation où j'étais m'avait permis de le retarder.




Par Salmacis - Publié dans : Textes
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