La Baronne Steel par Jim et Guy Casaril
Février 2025 | ||||||||||
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"S'il y a autour du cadavre d'Héliogabale, mort sans tombeau, et égorgé par sa police dans les latrines de son palais, une intense
circulation de sang et d'excréments, il y a autour de son berceau une intense circulation de sperme. Héliogabale est né à une époque où tout le monde couchait avec tout le monde; et on ne saura
jamais où ni par qui sa mère a été réellement fécondée. Pour un prince syrien comme lui, la filiation se fait par les mères ; - et, en fait de mères, il y a autour de ce fils de cocher,
nouveau-né, une pléiade de Julies ; - et qu'elles exercent ou non sur le trône, toutes ces Julies sont de hautes grues.
Leur père à tous, la source féminine de ce fleuve de stupres et d'infamies, devait, avant d'être prêtre, avoir été cocher de fiacre, car on ne comprendrait pas, sans cela, l'acharnement que mit
Héliogabale une fois sur le trône à se faire enculer par des cochers.
Toujours est-il que l'Histoire remontant du côté féminin aux origines d'Héliogabale, se butte immanquablement à ce crâne gâteux et nu, à ce fiacre et à cette barbe qui composent dans nos mémoires
la figure du vieux Bassianus."
« En 217 à Emèse, Héliogabale n'a pas quatorze ans, mais il est déjà parvenu à ce point de beauté parfaite que nous montrent toutes ses
statues. Il a les chairs rondes d'une femme, un visage de cire lisse, des yeux tirant sur l'or brûlé. On sent qu'il ne sera jamais très grand, mais il est admirablement proportionné, avec les
épaules à l'égyptienne, larges quoique tombantes, les hanches minces, un postérieur qui n'a rien de proéminent. Ses cheveux tournent vers le blond fauve ; sa chair trop blanche est bleue de
veines, avec de-ci de-là, dans les replis et dans les ombres, de bizarres lividités.
Ses lèvres avancent légèrement, vues de profil, comme un goulot coupé de bouteille. Il n'est pas encore tel qu'on le voit au Louvre avec, sous le menton, ce duvet qui frisotte comme les poils
d'un pubis blond, et surtout cette bouche ignoble, cette bouche trouée de suceur.
Il est à l'apogée de la beauté d'un éphèbe qui va user de sa beauté. »
Heliogabale ou l'anarchiste couronné (Antonin Artaud)
Appelé à assumer une dignité suprême à laquelle rien ne l'avait préparé, et assassiné dans la fleur de l'âge après quatre années d'un règne
stupéfiant, l'empereur Héliogabale apparaît comme l'une des personnalités les plus fascinantes et les plus ambigües de la Rome décadente.
Oscillant constamment entre le temple du Baal dont il voulait assurer le culte voluptueux,- unique et primitif, et le lupanar où l'attiraient des débauches crapuleuses et perverses, il étonna un
monde déjà saturé par les extravagances et les folies de ses maîtres.
...
Héliogabale c'est, bien entendu, le rejet des tabous sexuels, la dérision des coutumes ancestrales, l'imagination au pouvoir ; mais c'est aussi la tentative d'un mystique chargé d'imposer, envers
et contre tous, l'adoration universelle d'une pierre noire, symbole phallique et solaire de Baal.
Le divin Heliogabale (Roland Villeneuve)
La ville des Césars vit arriver un jour son empereur syrien, personnage étrange, vêtu en femme, avec des étoffes de soie et d'or et une robe traînante à la phénicienne, le tour des yeux peint, les joues fardées de vermillon, portant la tiare des prêtres du soleil, un collier, des bracelets, des sandales ornées de pierres gravées, dansant et marchant à reculons devant la fameuse pierre noire, et environné d'eunuques, de courtisanes, de nains, de bouffons, etc. La folie et l'impudicité montèrent avec lui sur le trône ; la cruauté s'y assit aussi, car, outre les meurtres politiques qui marquaient chaque changement de règne, et qui ne manquèrent pas à celui-ci, il faut noter le sacrifice des victimes humaines au dieu du prince, victimes choisies dans les premières familles d'Italie.
Tout ce qu'une imagination en délire peut rêver de plus extravagant fut réalisé par Héliogabale ; cet enfant insensé donna au monde le spectacle de tous les excès, de toutes les turpitudes et de toutes les infamies ; son règne ne fut qu'une saturnale dont on chercherait vainement un second exemple dans l'histoire, et rien ne peint mieux l'avilissement du peuple romain que sa soumission a un tel monstre.
Son impudicité fit oublier celle de Tibère et de Néron, et il serait impossible de rapporter dans aucune langue moderne les détails que donne à ce sujet l'historien Lampride, qui, cependant, prétend reculer devant un récit complet.
Au milieu de ces impuretés et de ces débauches sans nom, ce règne est encore remarquable par les prodigalités inouïes, les pompes extravagantes, le luxe effréné, qui le font ressembler aux légendes arabes...
DICTIONNAIRE LAROUSSE UNIVERSEL DU XIX° SIECLE (extraits)
Obscur et froncé comme un oeillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
Humide encor d'amour qui suit la fuite douce
Des Fesses blanches jusqu'au coeur de son ourlet.
Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré, sous le vent cruel qui les repousse,
À travers de petits caillots de marne rousse
Pour s'aller perdre où la pente les appelait.
Mon Rêve s'aboucha souvent à sa ventouse ;
Mon âme, du coït matériel jalouse,
En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.
C'est l'olive pâmée, et la flûte caline,
C'est le tube où descend la céleste praline :
Chanaan féminin dans les moiteurs enclos !
Arthur Rimbaud et Paul Verlaine
Ce sonnet est une parodie d'un volume d'Albert Mérat (L'Idole), où sont détaillées toutes les beautés d'une dame (
Sonnet du front, sonnet des yeux, sonnet des fesses etc...)