Partager l'article ! Quand Sade parle avec son sexe: C'est avec Henri Xhonneux que Topor entreprend une adaptation de la vie du marquis de S ...
Février 2025 | ||||||||||
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C'est avec Henri Xhonneux que Topor entreprend une adaptation de la vie du marquis de Sade en 1988, et présenté au public l'année suivante, au moment de la célébration du bicentenaire de la Révolution Française.
L'œuvre, uniquement interprétée par des acteurs en masques représentant des animaux déconcerta et la critique... et les spectateurs.
Le temps aidant, Marquis est aujourd'hui devenu un film culte.
Le Marquis de Sade est embastillé.
C'est le temps dont il profite pour tirer un bilan, sur lui et surtout sur nous.
Dans ce microcosme carcéral, le chien de la monarchie n'a de cesse d'écrire, et agrémente ses longues journées de dialogues avec COLIN, son sexe pensant et parlant.
Qui commande qui ?
Sequence 4:
cellule du marquis
interieur jour
A travers les barreaux, on voit qu'il neige.
Le prisonnier écrit à sa table avec une plume de pigeon taillée.
Il a approché sa table et son lit de la cheminée.
Il tient Colin dans sa main gauche.
MARQUIS: (lisant à voix haute ce qu'il écrit) « Cet impudique est trop fortement proportionné et la nature se révolte en moi au seul soupçon de ses plaisirs...
COLIN: (ironique) Depuis que tu n'en as plus, ils te font peur, les plaisirs
MARQUIS: Tu n'y es pas, Colin, c'est mon héroïne qui parle. Celui auquel elle a affaire est trop fortement membré pour l'orifice qu'il a choisi.
COLIN: Il est encore plus joufflu que moi, alors?
MARQUIS: (moqueur) Oh, oui, pour toi ce serait un jeu d'enfant... (Poursuivant l'écriture) « Il ne peut vaincre les obstacles ; à peine se présente-t-il qu'il est aussitôt repoussé... Il écarte, il presse, il déchire... »
COLIN: Tu mets trop de verbes à la queue leu leu.
MARQUIS: Te mêle pas du style... J'accepte que tu me donnes des idées de temps en temps, mais c'est moi qui écris.
COLIN: Bon, bon... je ne dirai plus rien... (un temps) Mais tu mets trop de verbes.
MARQUIS: (poursuivant son écriture) « Les chairs ramollies se prêtent, le sentier s'entrouvre. Le bélier pénètre...
COLIN: Le bélier ? ya un bélier, maintenant ? D'où il vient, celui-là ?
MARQUIS: (agacé) Une image !
La réplique suivante est visualisée de manière onirique (personnages en pâte à modeler, animés image par image).
MARQUIS: « Le bélier pénètre. Je pousse des cris épouvantables. Bientôt, la masse entière est engloutie et la couleuvre, lançant aussitôt un
venin (lui lui ravit ses forces, cède enfin en pleurant de rage.
COLIN: (qui a grandi, et dont la tête se trouve maintenant à la hauteur des yeux de Marquis) Arrête, tu m'excites.
Sequence 22:
interieur jour
Marquis est à sa table de travail. Colin l'interrompt.
COLIN: Fais-moi faire ma gymnastique.
MARQUIS: (posant sa plume) J'ai autre chose à te proposer.
COLIN: Quoi?
MARQUIS: Ambert
(Marquis propose à son sexe Colin d'enculer Ambert le gardien, pour favoriser l'évasion d'un prisonnier politique)
COLIN: Ah non, on avait convenu de ne plus en parler.
MARQUIS: La situation a évolué. Il ne s'agit plus de te dévouer uniquement pour améliorer notre ordinaire, mais pour faire une bonne action.
COLIN: (goguenard) Toi, une bonne action? Tu m'étonnes.
MARQUIS: Favoriser l'évasion de celui qui est responsable de tous nos malheurs, faire sortir celui qui nous a enfermés, n'est-ce point là de la grandeur d'âme
COLIN: J'accepte!
MARQUIS: (étonné) Sans même discuter?
COLIN: (un temps) En discutant. Donnant-donnant il y a long temps que j'ai envie de dépuceler le mur d'en face.
MARQUIS: (regardant ledit mur) Qu'est-ce que tu lui trouves?
COLIN: Regarde sur la gauche, légèrement vers le bas...
Sur le mur de la cellule, on distingue en effet une forme féminine dessinée par l'humidité. Une fente se trouve à l'endroit du sexe. Les moisissures et la mousse augmentent encore la troublante analogie.
MARQUIS: Ventredieu ! Crénom, la belle lézarde !
COLIN: Elle ne vaut pas celles qui sont dehors, mais on va la baiser!
MARQUIS: Tu n'y penses pas. Des fentes pareilles, ça coupe.
COLIN: On la pénètre ou je refuse d'approcher Ambert !
MARQUIS: (se levant) Je te cède ! Mais ne viens pas pleurer après. Il s'approche du mur.
MARQUIS: Faites excuse, Madame. C'est pour le petit. Il n'en peut plus.
Il introduit Colin dans la fente et se trémousse. Des yeux apparaissent à la surface du mur. Les paupières s'ouvrent. Les pupilles se
révulsent. Marquis n'a pas entendu Dom Pompero entrer.
DOM POMPERO: Voilà où conduit l'abstinence ! Vous répandez votre précieuse semence contre le mur comme de l'urine courante.
MARQUIS: (se rajustant) Vous ne pourriez pas frapper avant d'entrer? J'ai ma vie privée...
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