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  • : Dans la mythologie grecque, Salmacis est une naïade. Alors qu'Hermaphrodite se baigne dans une source de Carie, Salmacis, nymphe de la source, s'éprend de lui. Ne pouvant se contenir, elle étreint le jeune homme contre elle, et supplie les dieux d'être unie à lui pour toujours. Son vœu est exaucé et tous deux ne forment plus qu'un seul être, bisexué, à la fois mâle et femelle. Sa tentative de viol sur Hermaphrodite constitue un cas unique pour une nymphe grecque.
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Vendredi 30 mai 5 30 /05 /Mai 08:48









1929 - 1930

Dali, au cours de ces longues promenades dans la mélancolie planétaire du cap Creus, au détour d'une calanque, à Es Cayals, Dali déclare son amour à Gala entre deux rires nerveux.

Ce n'est pas chose facile pour lui.

En effet, Helena Devulina Diakanoff, fille d'un fonctionnaire de Moscou, surnommée par tous Gala, mèle à un charme fascinant, une assurance qui n'est pas sans impressionner le jeune Salvador.

Cette chair si proche de la sienne, si réelle, l'empêche de parler.

/.../

Malgré sa grande timidité, Dali, entre deux rires nerveux, s'apprête à étreindre Gala, à la toucher, lorsque c'est la main de celle-ci qui prend d'autorité la sienne.

Dali redouble de rire. Il rit avec une nervosité d'autant plus violente qu'il sait bien que cela est plus vexant pour elle à ce moment précis.

" Mais Gala, raconte Dali, au lieu de se sentir blessée par ce rire, s'en enorgueillit. D'un effort surhumain, elle pressa encore plus fort ma main, au lieu de la laisser tomber avec dédain comme n'importe quelle autre femme l'aurait fait. Son intuition médiumnique lui avait donné à comprendre le sens exact de mon rire si inexplicable aux autres. Mon rire n'était pas «gai» comme celui de tout le monde. Il n'était pas scepticisme ou frivolité, mais fanatisme, cataclysme, abîme et terreur. Et le plus terrifiant, le plus catastrophique de tous les rires, je venais de le lui faire entendre, de le jeter par terre à ses pieds. "

« -Mon petit, dit-elle, nous n'allons plus nous quitter.»


Et Dali donne la clé historique et freudienne de cet amour indissociable qui vient de naître et que la mort seule saura interrompre :

« Elle serait ma Gradiva (celle qui avance), ma victoire, ma femme. Mais pour cela, il fallait qu'elle me guérisse. Et elle me guérit, grâce à la puissance indomptable et insondable de son amour dont la profondeur de pensée et l'adresse pratique dépassèrent les plus ambitieuses méthodes psychanalytiques».

Dali venait de lire «Gradiva», roman de Jensen interprété par Sigmund Freud, dans lequel l'héroïne, Gradiva (aussi : délire et rêve), réussit la guérison psychologique du héros.

« J'approchais, explique encore Dali, de la grande épreuve de ma vie, l'épreuve de l'amour ».

A ce moment crucial pour sa vie sentimentale, Dali travaillait particulièrement à l'un de ses tableaux traitant du désir, "L'Accomodation des désirs", tableau dans lequel les désirs étaient représentés par de terrorisantes têtes de lions.














Tremblant, Dali demande à Gala :

«-Que vou-lez,rous-que-je-vous-fa-sse?»

Et Gala de répondre, le visage changé, devenu dur et tyrannique :

«-Je veux que vous me fassiez crever!»


«Et si je la jetais du haut de la tour de la cathédrale de Tolède ?» s'interroge Dali.

Mais Gala, comme prévu, est la plus forte :

« Gala me détacha de mon crime et guérit ma folie. Merci! Je veux t'aimer. Je t'épouserai... Mes symptômes hystériques disparurent les uns après les autres, comme par enchantement et je redevins maître de mon sourire, de mon rire, de mes gestes. Une santé nouvelle poussa comme une rose dans ma tête».

Et après avoir raccompagné Gala à la gare de Figueras où elle reprenait son train pour Paris, Dali s'enferme de nouveau dans son atelier et reprend sa vie monacale pour finir le portrait pour lequel Paul Eluard a posé.

Il s'empresse aussi d'achever cette grande toile qui allait devenir célèbre et qui "représentait une grande tête livide et cireuse, aux joues roses, aux longs sourcils. Le nez immense s'appuyait par terre. La bouche était remplacée par une sauterelle dont le ventre en décomposition grouillait de fourmis. La tête se terminait en ornementation de style 1900".














Il s'agit, bien entendu, du "Grand Masturbateur", sorte d'autoportrait «mou» d'un Dali après le passage volcanique et dévastateur de «Gradiva».

Dali a toute une théorie sur le «mou» et le «dur» qu'il développera, de tableaux en tableaux.

S'il se représente ici visiblement fourbu, aussi mou qu'une chique, des fourmis et un faucheux lui courant sur le visage, cet aspect affligeant trouve son explication avec le visage féminin en position manifeste de fellation : Dali a bel et bien connu cet été là l'extase, telle qu'il la fera figurer au plafond de l'une des salles du théâtre-musée de Figueras.













Bien que Dali prétende souvent qu'il est «tota-le-ment im-pui-ssant», il apparaît aussi, dans d'autres tableaux, au meilleur de sa forme.

Que l'on songe à tous ces tableaux peuplés de crânes atmosphériques sodomisant des pianos à queue, ou à la «tête bourgeonnante érectile», soutenue par une béquille comme après un coït, du personnage de "La Harpe invisible", fine et moyenne, tableau peint directement d'après une photo prise par le peintre à Port Ligat et dans lequel Gala apparaît, s'éloignant de dos, les fesses encore à l'air.











La béquille et ce monstrueux développement de la sexualité cérébralisée, sublimée par l'art, sont en même temps symboles de mort et de résurrection, comme l'acte d'amour qui renaît de ses cendres à l'infini.

Après un mois de travail acharné, Dali confie ses oeuvres à un menuisier, surveillant lui-même leur emballage avec un soin maniaque, pour les expédier ensuite à Paris où elles seront présentées à la galerie Goemans du 20 novembre au 5 décembre.

Puis, sans même assister au vernissage, il enlève Gala.

Fous d'amour l'un pour l'autre, ils quittent la capitale deux jours avant l'inauguration, gagnant Barcelone puis Sitgès, petite station balnéaire, à quclques kilomètres au sud de la métropole catalane.

Tout au plus assistent-ils, avant leur départ, au triomphe d'Un Chien andalou.

Rétrospectivement Dali n'en revient pas : « Moi, le plus ambitieux de tous les peintres contemporains... n'ai-je même pas vu l'accrochage de cette première exposition de mes oeuvres. J'avoue même que pendant le voyage, Gala et moi, nous fûmes si préoccupés de nos corps que nous ne pensâmes presque pas un seul moment à mon exposition qui était déjà «notre» exposition.»













(Extrait de la biographie de Robert Descharmes et Gilles Néret.)

Par Salmacis - Publié dans : Artistes
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