Personnage emblématique de la Belle Époque, proche de Breton et de Dali par son non-conformisme, Clovis Trouille a traversé le siècle sans pourtant figurer à sa juste place dans les livres d'histoire de l'art.
Ses toiles d'un érotisme insolent, anticléricales et antimilitaristes, lui ont valu d'être boudé par la critique et foudroyé par la bourgeoisie, dont il rejetait violemment « la morale, l'imposture de sa religion et celle de ses curés.
En solitaire inclassable qui préférait accumuler les scandales que sacrifier son art aux contingences d'une époque ou d'une école, il s'éloigna également des surréalistes en raison de leur mépris pour les maîtres anciens, tandis qu'il revendiquait l'héritage des grands peintres de la Renaissance, jadis étudiés et copiés au musée de Picardie.
Le palais des merveilles
Au-delà de l'audace de ses sujets, l'oeuvre subversive de Clovis Trouille a réussi à s'imposer par sa fantaisie, sa puissance onirique et
son chromatisme exceptionnel.
Dolmancé et ses fantomes de luxure
On a trop vite enfermé l'oeuvre de Clovis Trouille dans l'enfer de notre imaginaire occidental.
Ce qui constitue une manière finalement assez commode de ne pas affronter la peinture de cet artiste.
Sans doute, notre époque est-elle plus à même de comprendre cet univers et de lui faire prendre place (aux côtés des Brisset, Lautréamont, Allais, Roussel mais aussi des Picabia, Magritte ou Klossowski...) dans la grande histoire de la subversion.
Ce qui n'échappa pas au poète Ghérassim Luca qui lui écrivait :
« Vous êtes celui qui a réussi à planter entre les cuisses du Douanier Rousseau une paire de couilles géantes ».
Voyeur canonisé
Cet art intempestif et inactuel est un exemple d'exigence et de lucidité.
Il n'est qu'à lire ces remarques qu'il écrivait en 1963 à son biographe Jean-Marc Campagne
« On ne voit pas pourquoi on n'emploierait pas les mêmes moyens que les religieux pour impressionner le pauvre peuple.
Eux qui ont fait appel à tout ce qui est impressionnant, pour entretenir leur parasitisme à l'architecture (parfois sublime) des cathédrales, à la sculpture, la peinture, les chants, les orgues, les costumes, les parfums, les vitraux, les bijoux, etc. Ils n'ont rien oublié.
Réussite triomphale, d'autant plus certaine qu'elle est fondée sur l'ignorance et la bêtise immortelles ! ».
On l'aura compris toute sa vie, Clovis Trouille emploiera les armes de ses adversaires pour faire triompher la liberté de penser, de rêver et de jouir sans contraintes.
Bernard Marcadé
Source: "Clovis Trouille" éditions Actes sud
Dialogue au carmel
Dialogue érotique. le geste de la main indique le calibre d'un avantage masculin.
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