Présentation

  • : Le blog de Salmacis
  • Le blog de Salmacis
  • : Divers
  • : Dans la mythologie grecque, Salmacis est une naïade. Alors qu'Hermaphrodite se baigne dans une source de Carie, Salmacis, nymphe de la source, s'éprend de lui. Ne pouvant se contenir, elle étreint le jeune homme contre elle, et supplie les dieux d'être unie à lui pour toujours. Son vœu est exaucé et tous deux ne forment plus qu'un seul être, bisexué, à la fois mâle et femelle. Sa tentative de viol sur Hermaphrodite constitue un cas unique pour une nymphe grecque.
  • Partager ce blog
  • Retour à la page d'accueil

Calendrier

Mai 2024
L M M J V S D
    1 2 3 4 5
6 7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18 19
20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31    
<< < > >>

Catégories

L'alphaberotique

Mercredi 28 mai 3 28 /05 /Mai 00:27







Vous voulez en "entendre des vertes et des pas mûres" ?

Allez consulter le Dictionnaire érotique moderne d'Alfred Delvau, un professeur de langue verte (1864)

Vous n'allez pas être deçus !!!

En guise d'introduction l'auteur y défend son ouvrage avec un poème pas piqué des verts:


Vous les appelez des ordures
Tous ces mots qui, ruisseaux de miel,
Coulent avec de doux murmures
Des lèvres en quête du ciel !

Vous vous signez lorsqu’on raconte
Ce que signifie Être heureux !
Vous vous cachez le front de honte
D’avoir joui comme des dieux !

Vous rougissez de vos ivresses
Lorsque vous êtes dégrisés.
Et vous reniez vos maîtresses
Lorsque repus de leurs baisers !

Quel mal trouvez-vous donc à dire
Ce qu’à faire vous trouvez bon ?
Pourquoi crime un charmant délire ?
Comment caca votre bonbon ?

Ah ! libertins de sacristie
Dont le cœur à la bouche ment,
Pourquoi recrachez-vous l’hostie
Gobée à deux si goulûment ?


Quelques définitions, glanées au hasard vont vous mettre dans l'ambiance lol


ABBAYE DE CLUNIS (L’). Le cul. — de clunis, fesse, croupe, — une abbaye qui ne chômera jamais faute de moines.

BATAILLE DES JÉSUITES, CINQ CONTRE UN (Faire la). Se masturber, les jésuites ayant inventé le plaisir solitaire — après Onan.

ENVOYER SON ENFANT A LA BLANCHISSEUSE. Au moment où l’homme va jouir, lui retirer prestement son engin du trou où il se délecte, et le forcer à répandre son sperme dans les draps.

EFFETS DE PANTALON (Faire des). Arranger avantageusement son paquet dans l'entre-jambe, à droite ou à gauche, de façon qu’il fasse saillie sur la perpendiculaire naturelle du corps et crève les yeux des femmes.

GAMAHUCHÉ (Être). Se dit de l’un comme de l’autre sexe, la langue étant à la disposition de tous les deux.

INTERROGER LE PANTALON D'UN HOMME. Porter les yeux sur son paquet, pour savoir ce qu’il pense, s’il est en état de baiser ou non.

JOUISSEUSE. Femme qui aime l’homme et qui, au lit, y va bon jeu, bon argent, donnant autant de coups de cul qu’elle reçoit de coups de queue.

LIVRES LIBRES, OBSCÈNES, ORDURIERS, MALSAINS. Ouvrages où l'on parle sans vergogne, comme dans celui-ci, des parties naturelles des deux sexes et de leurs fonctions ; de cons, de vits, de culs, de fouterie, de gamahucherie, etc. Ils sont abominés par les personnes honnêtes qui ne foutent que dans l’obscurité la plus complète et en faisant passer leur vit par un trou de la chemise de leur dame, et qui enseignent à la jeunesse que les enfants se trouvent naturellement sous des feuilles de chou.

LIQUEUR. Le sperme, qu’on pourrait mettre en bouteille sous le nom de Crème de cocus, car c’est avec cela qu’on les fait.

MANŒUVRER DU CUL. Remuer des fesses quand on est sous l’homme, soit pour l’aider à décharger, soit parce que la jouissance arrache à la femme d’involontaires et lascives torsions de croupe.

MONSEIGNEUR LE VIT, ou MADAME LA PINE. Outre ces deux noms, ce noble personnage, qui veut chaque jour être fêté, possède plus de prénoms qu’il n’en faudrait pour refaire le calendrier... républicain. Je cite les principaux :
L’acteur, l’affaire, les agréments naturels, l’aiguille, l’aiguillon, l’aiguillette, l’andouîlle, l’arbalète, l’ardillon, l’aspergés, l’asticot, la baguette, le balancier, le bâton à un bout, le bâton de sucre de pomme, le bâton pastoral, le battant de cloche, la béquille du père Barnaba, le berlingot, la bibite, le bidet, le bijou, le bistouri, la bite, le bogue, le bonhomme, le bouchon, le boudin blanc, le bougeoir, la bougie, le bout de viande, le boute-feu, le boutejoie, la boutique, le boyau, la braguette, le bracquemard, le bras, la briche, la broche, la bloqué, la burette, le canon a pisser, la carotte, le cas, le carafon d’orgeat, le cavesson, cela, ce qu’on porte, la chair, le chalumeau, le champignon, la chandelle, la chanterelle, la charrue, la chenille, la cheville d’Adam, la cheville ouvrière, le chibre, le chiffe, le Chinois, le chose, le cierge, la cigarette, la clé, le clou, la cognée, le cognoir, le coin, la colonne, le compagnon fidèle, la corde sensible, le cordon de saint François, le cornichon, la couenne, la courte, le criquet, le dard, le dardillon, le degré de longitude, le devant, le doigt du milieu, le doigt qui n’a pas d’ongle, dom ou frère Frappart, le dressoir, le drôle, l’engin, l’étendard d’amour, le fils, le flacon d’eâu-de-vie, le flageolet, la flèche, la grosse corde, le goujon, le goupillon, la guiguitte, la haire, le hanneton, l’herbe qui croit dans la main, l’histoire, le honteux, Jacques, la jambe, Jean Jeudi, la lancette, le laid, la lavette, la limace, le machin, le Mahomet, le manche du gigot, la marchandise, le mirliton, le moineau, la navette, le nerf, le nœud, l’obélisque, le onzième doigt, l’os a moelle, l’outil, l’ouvrier de nature, le paf, le panais, le pénis, le perroquet, la petite flûte, le petit frère, le petit voltigeur, la pierre a casser les œufs, la pierre de touche, le pieu, le pignon, le pis, la pissottière, le poinçon, la pointe, le poireau, la potence, le poupignon, Priapo, la quéquette, la queue, le robinet de l’ame, Rubis-Cabochon, la sangsue, saint Pierre, le salsifis, la sentinelle, la seringue, le sifflet, le sous-préfet, le sucre d’orge, la triquebille, la troisième jambe, le tube, la verge, la viande crue, etc. etc.

NATURE DE LA FEMME (La), Messire le Con, qui, comme son seigneur et maître le vit, ne manque pas de prénoms. Ainsi :
L’abricot fendu, l’affaire, l’angora, l’anneau d’Hans Carvel, l’atelier, l’autel de Vénus, l’avec, la bague, le baquet, le bas, les basses marches, le bassin, le bénitier, le bijou, le bissac, la blouse, le bonnet a poil, le bonnet de grenadier, la bouche d’en bas, la bourse à vit, la boutique, le brasier, la brèche, le cabinet, le cadran, la cage, le calendrier, le calibistri, le calibre, le cas, la cave, la caverne, ça, le Céleste-Empire, le centre, le champ, le chandelier, le chapeau, le chat, le chaudron, le chemin du paradis, la cheminée, le chose, la cité d’amour, le clapier, le cœur, la coiffe, le combien, le concon, le connin, le connusse, le conneau, le cornichon, le conil, la coquille, le corridor d’amour, la crevasse, le dédale, le devant, la divine ouverture, l’écoutille, l’écrevisse, l’empire du Milieu, l’entonnoir, l’entremise, l’entre-deux, l’entresol, l’éteignoir, l’éternelle cicatrice, l’étoffe a faire la pauvreté, l’étui, la fondasse, la fente, la figue, le formulaire, le fruit d’amour, le golfe, la guérite, le harnois, le hérisson, l’hiatus divin, l’histoire, le jardin d’amour, la lampe amoureuse, la lampe merveilleuse, la lanterne, la latrine, le machin, le mal joint, la marchandise, messire Noc, le mirliton, le mortier, le moule a pine, le moulin-à-eau, le noir, l’objet, les Pays-Bas, le petit lapin, Quoniam bonus, le réduit, le salon du plaisir, le Sénégal, la serrure, le tabernacle, le temple de Cypris, la tirelire, le trou chéri, le trou de service, le trou madame, le trou mignon, le trou par où la femme pisse, le trou velu, le vagin, etc., etc.

NÉ COIFFÉ (Etre). C’est-à-dire : être né pour être cocu, comme tant d’autres, ou pour avoir tous les bonheurs.

ORAISON JACULATOIRE (Faire L'). Darder son aiguillon et lancer son sperme dans le con d’une femme, pendant qu’elle fait sa prière — sur le dos.

PATTE d'ARAIGNEE (Faire la). Passer doucement et habilement les quatre doigts et le pouce sur le membre d’un homme, et ses tenants et aboutissants, afin de provoquer une érection qui ne viendrait pas sans cette précaution.

ROSÉE CÉLESTE, DIVINE, etc. Décharge de la liqueur balsamique, que les gens qui n’attendent rien du ciel appellent tout bonnement : du foutre.

RÉTRÉCIR (Se), se laver souvent le vagin avec des astringents, afin d’en rapprocher les parois et de faire croire ainsi aux innocents qu’ils prennent un pucelage.

REDINGOTE ANGLAISE. Préservatif contre la vérole, (V. Capote, Ruban.)

SATYRIASIS (Le). L’hystérie des hommes, comme l’hystérie est le Satyriasis des femmes, c’est-à-dire que ceux et celles qui en sont possédés ne font autre chose dans la vie que de baiser ou d’essayer de baiser.

TIRE-BOUCHON AMÉRICAIN. C’est la tocade de toutes les grisettes, elles font asseoir l’homme sur une chaise, mettent son bouchon au vent ; puis, s’asseyant à cheval sur lui et s’appuyant sur le dos de la chaise, elles se font entrer le dit bouchon dans le con tant qu’elles peuvent, le tirent, se renfoncent dessus, jouissent comme des carpes pâmées, et s’en donnent ainsi jusqu’à ce qu’elles soient tout à fait échinées.

TÊTE-BÊCHE (Faire). Se placer de façon que la tête de l’homme soit entre les cuisses de la femme, a la hauteur de son con, qu’il gamahuche, et que la tête de la femme soit entre les cuisses de l’homme, à la hauteur de sa pine, qu’elle suce.

TAQUINER LE BOUTON, soit de la gorge, soit du clitoris. Promener habilement l’index sur l’extrémité du sein ou du clitoris d’une femme afin de la faire bander et jouir.

VEUVE POIGNET. La main qui sert à branler, la première maîtresse des jeunes gens, comme le médium est le premier amant de toutes les femmes.

WAGON. Femme de mauvaise vie, de dernière classe. Il y a aussi des wagons de première, réservés aux gandins riches.

X. 23e lettre de l’alphabet. — Sert ordinairement de masque et de pseudonyme aux dames ou demoiselles X..., lorsque MM. les chroniqueurs redoutent les procès ou les coups de canne.

 




LIEN

Par Salmacis - Publié dans : Vocabulaire
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires
Mardi 27 mai 2 27 /05 /Mai 20:50


Parmi les influences de Bill Brandt, il en faut citer une particulière : Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, cette fable fantastique tant aimée des surréalistes.

Brandt a avoué être fatigué des images conventionnelles.

Il voulait un objectif capable de voir « comme une souris, un poisson ou une mouche ».

Dans l'histoire de Lewis Carroll, Alice boit une petite bouteille qui a « une sorte de parfum, mélange de tarte à la cerise, de custard, d'ananas, de dinde rôtie, de toffee et de toasts chauds beurrés ».

« Quel étrange sensation, dit Alice. Curieux, très curieux !... Maintenant je m'ouvre comme le plus grand des télescopes ! Au revoir mes pieds ! »

(Lorsqu'elle regarde ses pieds, ils sont si loin qu'ils sont hors de son champ visuel).

Ces dramatiques - mais aussi, drôles et divertissants - renversements d'échelle sont caractéristiques des nus de Bill Brandt.


Mark Haworth-Booth.



















































Par Salmacis - Publié dans : Photographies
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Mardi 27 mai 2 27 /05 /Mai 20:06





La Légende de la Nonne

 


Venez, vous dont l’œil étincelle,
Pour entendre une histoire encor,
Approchez : je vous dirai celle
De doña Padilla del Flor.
Elle était d’Alanje, où s’entassent
Les collines et les halliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Il est des filles à Grenade,
Il en est à Séville aussi,
Qui, pour la moindre sérénade,
À l’amour demandent merci ;
Il en est que d’abord embrassent,
Le soir, de hardis cavaliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Ce n’est pas sur ce ton frivole
Qu’il faut parler de Padilla,
Car jamais prunelle espagnole
D’un feu plus chaste ne brilla ;
Elle fuyait ceux qui pourchassent
Les filles sous les peupliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Rien ne touchait ce cœur farouche,
Ni doux soins, ni propos joyeux ;
Pour un mot d’une belle bouche,
Pour un signe de deux beaux yeux,
On sait qu’il n’est rien que ne fassent
Les seigneurs et les bacheliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Elle prit le voile à Tolède,
Au grand soupir des gens du lieu,
Comme si, quand on n’est pas laide,
On avait droit d’épouser Dieu.
Peu s’en fallut que ne pleurassent
Les soudards et les écoliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Mais elle disait : « Loin du monde,
Vivre et prier pour les méchants !
Quel bonheur ! quelle paix profonde
Dans la prière et dans les chants !
Là, si les démons nous menacent,
Les anges sont nos boucliers ! »
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Or, la belle à peine cloîtrée,
Amour en son cœur s’installa.
Un fier brigand de la contrée
Vint alors et dit : Me voilà !
Quelquefois les brigands surpassent
En audace les chevaliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Il était laid : les traits austères,
La main plus rude que le gant ;
Mais l’amour a bien des mystères,
Et la nonne aima le brigand.
On voit des biches qui remplacent
Leurs beaux cerfs par des sangliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Pour franchir la sainte limite,
Pour approcher du saint couvent,
Souvent le brigand d’un ermite
Prenait le cilice et souvent
La cotte de maille où s’enchâssent
Les croix noires des Templiers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

La nonne osa, dit la chronique,
Au brigand par l’enfer conduit,
Aux pieds de sainte Véronique
Donner un rendez-vous la nuit,
À l’heure où les corbeaux croassent,
Volant dans l’ombre par milliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

 

Padilla voulait, anathème !
Oubliant sa vie en un jour,
Se livrer, dans l’église même,
Sainte à l’enfer, vierge à l’amour,
Jusqu’à l’heure pâle où s’effacent
Les cierges sur les chandeliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Or quand, dans la nef descendue,
La nonne appela le bandit,
Au lieu de la voix attendue,
C’est la foudre qui répondit.
Dieu voulu que ses coups frappassent
Les amants par Satan liés.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Aujourd’hui, des fureurs divines
Le pâtre enflammant ses récits,
Vous montre au penchant des ravines
Quelques tronçons de murs noircis,
Deux clochers que les ans crevassent,
Dont l’abri tuerait ses béliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Quand la nuit, du cloître gothique
Brunissant les portails béants,
Change à l’horizon fantastique
Les deux clochers en deux géants ;
À l’heure où les corbeaux croassent,
Volant dans l’ombre par milliers...
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Une nonne, avec une lampe,
Sort d’une cellule à minuit ;
Le long des murs le spectre rampe,
Un autre fantôme le suit ;
Des chaînes sur leurs pieds s’amassent,
De lourds carcans sont leurs colliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

La lampe vient, s’éclipse, brille,
Sous les arceaux court se cacher,
Puis tremble derrière une grille,
Puis scintille au bout d’un clocher ;
Et ses rayons dans l’ombre tracent
Des fantômes multipliés.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Les deux spectres qu’un feu dévore,
Traînant leur suaire en lambeaux,
Se cherchent pour s’unir encore,
En trébuchant sur des tombeaux ;
Leurs pas aveugles s’embarrassent
Dans les marches des escaliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Mais ce sont des escaliers fées,
Qui sous eux s’embrouillent toujours ;
L’un est aux caves étouffées,
Quand l’autre marche au front des tours ;
Sous leurs pieds, sans fin se déplacent
Les étages et les paliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Élevant leurs voix sépulcrales,
Se cherchant les bras étendus,
Ils vont... Les magiques spirales
Mêlent leurs pas toujours perdus ;
Ils s’épuisent et se harassent
En détours, sans cesse oubliés.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

La pluie alors, à larges gouttes,
Bat les vitraux frêles et froids ;
Le vent siffle aux brèches des voûtes ;
Une plainte sort des beffrois ;
On entend des soupirs qui glacent,
Des rires d’esprits familiers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Une voix faible, une voix haute,
Disent : « Quand finiront les jours ?
Ah ! nous souffrons par notre faute ;
Mais l’éternité, c’est toujours !
Là, les mains des heures se lassent
À retourner les sabliers... »
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

L’enfer, hélas ! ne peut s’éteindre.
Toutes les nuits, dans ce manoir,
Se cherchent sans jamais s’atteindre
Une ombre blanche, un spectre noir,
Jusqu’à l’heure pâle où s’effacent
Les cierges sur les chandeliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Si, tremblant à ces bruits étranges,
Quelque nocturne voyageur,
En se signant demande aux anges
Sur qui sévit le Dieu vengeur,
Des serpents de feu qui s’enlacent
Tracent deux noms sur les piliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Cette histoire de la novice,
Saint Ildefonse, abbé, voulut
Qu’afin de préserver du vice
Les vierges qui font leur salut,
Les prieures la racontassent
Dans tous les couvents réguliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

 


Victor Hugo

Avril 1828

 



Il existe une version plus courte chantée par Georges Brassens, mais je préfère l'original
Par Salmacis - Publié dans : Poésie
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires
Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus